La réserve militaire : avec le Comte Guillaume de T’Serclaes de Wommersom

Enseigne de Vaisseau de 2è Classe Comte Guillaume de T’Serclaes, réserviste au sein de la Défense

Quel est votre parcours, personnel, familial et professionnel ?

Après avoir étudié dans un collège Bruxellois, j’ai étudié l’histoire à l’université de Gand, avec pour maitres à penser d’éminents professeurs dont Mr. Paul Janssens et Mme Thérèse de Hemptinne qui liront peut-être ces pages, mais je retiens aussi les noms du professeur Bruno De Wever, spécialiste de l’histoire de la Belgique et des grandes guerres, René Vermeir, grand connaisseur des Pays-Bas Espagnols, ou encore Jan Dumolyn. Je pense aussi à la chance que j’ai eu de pouvoir discuter avec la comtesse Bernard d’Udekem d’Acoz, autre historienne de la 2nde Guerre Mondiale.

Grâce à ce parcours académique, j’ai pu participer pendant un an au programme Erasmus à Madrid. J’y ai développé une passion pour le Prado et appris la langue de Cervantes, avant d’aller expédier mon Master en un an à Londres.

Après mes études, j’ai travaillé aux USA, en Allemagne et en Italie, dans des start-ups chez les premiers, et dans des galeries d’art chez les seconds. Mes parents m’ont toujours laissé une entière liberté de choix, mais il fallait réussir en contrepartie. Malgré des années à l’étranger, je reste très attaché à la ville de Bruxelles dont ma famille est issue, ainsi qu’à la Belgique. J’y suis donc retourné en 2017 et ai continué à travailler dans des galeries d’art jusqu’en 2019. Enfin, j’ai entamé d’autres projets, de conseil et d’affaires, et me suis engagé à plus long terme auprès de la Défense, comme réserviste.

Qu’est-ce qui vous a amené à rejoindre la réserve de l’armée ? Et comment votre projet a-t-il évolué ?

Rejoindre l’armée est quelque chose qui, depuis tout petit, m’a toujours attiré. Les valeurs telles que la camaraderie, le sens de l’honneur et le courage sont indéniablement des valeurs nobles. Bien sûr, il y avait aussi l’uniforme de mon père, réserviste au 4e régiment des guides...

J’avais d’abord réfléchi à intégrer l’ERM mais le niveau polytechnique ne m’aurait pas convenu. J’ai eu un autre contact (7 ans plus tard) en 2017 avec des recruteurs de La Défense qui étaient trop obtus pour m’engager avec un diplôme d’historien pour un poste d’officier archéologue.

Enfin, deux ans plus tard, je suis rentré comme Officier de Liaison. Le plus dur était fait, entrer au sein de La Défense. Une fois qu’on est dedans, le projet peut plus facilement évoluer, à condition de prendre des initiatives. Dans tout cela, j’ai aussi été aidé par le Capitaine de Vaisseau (Colonel pour les non-marins) Olivier Cardon, qui a beaucoup soutenu les réservistes au sein de la Marine.

Grâce à cet engagement, j’ai pu voyager, rencontrer des personnes fascinantes aux histoires parfois troublantes, développer un département, et améliorer mon West-Vlaams.

Quel est votre plus belle réalisation à ce jour, et celle dont vous êtes le plus fier ?

En tant que militaire, je suis certainement fier d’avoir pu participer à une opération, EMASOH, basé aux Emirats. Pendant deux mois, j’ai pu y diriger une petite équipe qui contrôlait et assistait les marines marchandes européennes. Nous y avons bâti des ponts entre marines marchandes et militaires, des ponts entre continents aussi.

Que changeriez-vous dans votre parcours si vous le pouviez ?

J’aurais probablement aimé commencer mon parcours militaire plus tôt, mais il faut aussi bien se rendre compte que la situation a drastiquement changé au cours de ces dernières années et encore plus maintenant que la guerre sévit aux portes de l’Europe Occidentale. Aujourd’hui, Il y a enfin au sein du politique un réveil qui a permis à la Défense d’engager plus de réservistes. Néanmoins, je pense qu’il ne faut, dans la vie, avoir ni remords ni regrets et je n’en ai point.

Quelles sont vos ambitions et vos projets futurs ?

Evidemment, vaste question, et de nouveau, en tant que réserviste, on peut poser cette question en double, les ambitions militaires et civiles. Les premières sont de monter en grade mais cela ne peut se faire qu’en attendant patiemment la promotion. Pour certaines choses, la Défense peut être terriblement administrative. Les projets en tant que civil seraient de continuer à travailler dans l’industrie de la Défense, d’une manière ou d’une autre.

Votre appartenance à la noblesse a-t-elle été un atout, une charge ou un non-sujet ?

Bonne question. Cela dépend des circonstances mais, en règle général, c’est un sujet qui est abordé de manière bon enfant. Quelques-uns sont probablement jaloux et n’aiment pas trop les noms plus longs et se réjouissent de les déformer… mais la majorité pose des questions curieuses et poliment, certains jeunes sont, je pense, fier de travailler avec des membres de la noblesse (ce que je n’aurais vu nulle part ailleurs). Enfin, une anecdote amusante, nous étions 8 nobles sur 18 au sein d’un peloton de formation. On nous avais surnommé le « peloton de nobles », les surnoms étaient « Mr. Le Comte », « le Comte Allemand », « dedede », c’était très amusant. Lors d’une marche, le cadre demandait à chacun combien de châteaux il avait, ou on nous donnait des ordres avec le petit doigt en l’air, signe de bonnes manières apparemment... L’inconvénient, c’est que nos noms sont écrit sur nos poitrines, donc on est vite repéré. L’avantage, c’est que la Défense reste une institution hiérarchisée et cela peut impacter le point de vue de certains.

Quel message souhaitez-vous donner à nos membres, surtout les plus jeunes ?

Il est nécessaire et impératif qu’ils s’engagent, homme et femme, la Défense, c’est une multitude de métiers, de personnes, de systèmes technologiques de pointe, à découvrir ! Ils y apprendront ce que d’autres, jamais ne verront et notre futur VUCA (Volatile, Incertain, Complexe, Ambigu) leur fera probablement moins de cadeau qu’à leurs parents. Là, ils auront appris à se défendre, mais aussi simplement à être responsable d’eux-mêmes. C’est la base d’une société résiliente.

Votre engagement dans le contexte de la guerre en Ukraine ?

La majorité des personnes avec qui j’échange sur le sujet pense encore à la réserve d’avant 1990, lorsque la Belgique pouvait mobiliser 300 000 militaires qui participeraient tous à l’effort de guerre. Aujourd’hui, nous avons une armée de 25 000 personnes renforcés d’environ 5000 réservistes mobilisables. Confortables avec les dividendes de la Paix, les ministres de la Défense successifs depuis 1990, ont privilégié la qualité du militaire sur la quantité, peut-être sans se rendre compte que la quantité est aussi une qualité. La réserve, comme je le disais il y’à un instant, c’est aussi une multitude de métiers, RH, Financier, Logistique, Renseignement, Cyber, Communications Satellitaires, Analystes, Hydrographes, etc. donc, si je résume, il n’y que peu de chances de voir de l’action pour un réserviste car son rôle serait plutôt en soutient des opérations. Il existe à ma connaissance, deux compagnies de réservistes (dans les Rég. De Ligne et des Chasseurs Ardennais) qui ont d’ailleurs été sollicités pendant l’Opération Vigilant Guardian.

A la Marine, on peut toutefois voire de l’action en opération ou en exercices, mais ce sont des combats d’un autre type. Il suffit de regarder à la poursuite d’Octobre Rouge pour se rendre compte des rythmes d’action différents.

Néanmoins, je pense que la guerre en Ukraine nous apprend avant tout l’importance de l’indépendance stratégique et militaire. L’Europe ne doit plus collaborer avec Russes ni aucun autre régime totalitaire. Ces régimes ne respectent pas les droits Humains, ne respectent encore moins les traités internationaux, et enfin ne respectent toujours pas la démocratie, sous prétexte que ces valeurs, qui forment le socle de notre civilisation, sont trop Occidentales. Et dans ce cadre-là, mon engagement prend toute sa valeur. La Défense reste le bras armé de cette démocratie, de cette justice et de notre liberté. Car c’est bien de cela qu’il s’agit lorsqu’on s’investit au quotidien contre l’hégémonie Russe en Ukraine, un combat par proxy pour ces valeurs que nous défendons.

Un autre réserviste, le Major Gaëtan de Dorlodot, est justement parti en Turquie pour rejoindre l’équipe B-Fast comme médecin et notre secrétaire général, le Capitaine de Frégate Olivier Cardon de Lichtbuer, vient d’être nommé Commandant de la réserve de la Marine qui compte déjà 400 militaires de réserve pour 1.500 militaires d’active. Son objectif est ambitieux : atteindre 1.250 réservistes pour la Marine en 2030.

Ils ne sont pas seuls, d’autres membres de l’ANRB sont engagés comme réservistes, pour n’en citer que quelques-uns :
Lieutenant Matthieu de Posch ; Lieutenant de Vaisseau Charles-Antoine Uyttenhove ; Enseigne de Vaisseau Guillaume Ancion ; Enseigne de Vaisseau de 2ème Classe Oscar de Giey ; Enseigne de Vaisseau de 2ème Classe Aymeric Lannoy ; Enseigne de Vaisseau de 2ème Classe Damien Janssens de Bisthoven ; Enseigne de Vaisseau de 2ème Classe Edouard Nève de Mévergnies ; Sergent Brieuc Vercruysse de Solart ; Sous-lieutenant Maximilien de Jamblinne de Meux ; Sergent Wauthier van de Werve de Schilde.

Et des candidats réservistes :
COR Augustin Cardon de Lichtbuer ; COR Réginald Cruysmans ; ; COR Igor de Streel ; CSOR Charles-Antoine du Bus ; CSOR Valentin de Laminne.

Bravo à tous ces engagés pour notre défense !

par Catherine de Dorlodot

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