La médiation : une alternative crédible à la justice.

Pourquoi Joséphine d’Ansembourg privilégie-t-elle la médiation à la justice ?

Depuis une dizaine d’années, le nombre de divorces est en baisse. StatBel précise que 21.300 cas furent recensés en 2020, ce qui représente une baisse de 5% par rapport à 2019. L’office belge de statistique rappelle toutefois qu’en Belgique, quatre mariages sur dix se terminent par une rupture.

Une procédure de divorce est souvent conflictuelle, et rares sont celles ne provoquant pas de dommages collatéraux. Qu’il s’agisse de la répartition des meubles, de la garde des enfants ou du montant de la pension alimentaire, la communication devient parfois impraticable.

Via différentes structures, Joséphine d’Ansembourg, juriste et médiatrice agréée, tente de redonner la possibilité aux familles de gérer leurs conflits via la médiation familiale. Lorsque la volonté de se séparer n’est pas palpable, il faut alors réparer la communication entre les parties afin d’éviter le pire. L’objectif de cette « méthode douce » est d’arriver à une convention de séparation que l’on peut faire homologuer par le juge et qui a, alors, la même valeur qu’un jugement.

Quel est ton parcours en médiation ?

Après avoir suivi une formation de deux ans en médiation, j’ai rejoint l’ASBL Trialogues, association interdisciplinaire réunissant des médiateurs, avec laquelle je travaille encore aujourd’hui. Cette première expérience m’a plu au point que j’ai rapidement souhaité développer ma propre structure en compagnie d’Anaïs De Wolf, avocate et médiatrice agréée en matière familiale, rencontrée sur les bancs de l’université dix ans plus tôt. Persuadées de notre complémentarité, nous avons fondé une ASBL portant haut trois valeurs que sont l’équilibre (personnel), la connexion (à soi et à l’autre) et la créativité (dans la recherche de solution).

Trois mois après avoir déposé nos statuts au moniteur belge, nous commencions à communiquer sur notre projet baptisé « Trêve » et le présentions aux centres d’aide et de protection de la jeunesse et aux centres de planning familial. Une campagne de collecte de dons nous permit notamment de financer notre site web, notre identité visuelle, etc.

En bref, nous cherchons à faciliter la gestion des conflits afin d’apporter un peu plus d’humanité dans notre monde en rendant la médiation accessible et en faisant de la prévention dès le plus jeune âge.

La médiation :

La médiation part du postulat que personne ne sait mieux gérer un conflit que les personnes concernées. Un tiers neutre se met au service des deux parties afin de faire en sorte qu’une nouvelle dynamique s’insère dans leur relation. Dans la majorité des cas, pouvoir échanger et comprendre, sans pour autant être d’accord, permet d’ouvrir les yeux sur les raisons qui ont poussé à ce conflit.

Anaïs et moi faisons toutes nos médiations en duo. L’une fait attention au cadre tandis que l’autre fait attention à accueillir ce qui est dit tout en veillant à ce qu’il n’y ait pas de malentendus. Les médiateurs ne sont ni des thérapeutes ni des psychologues. Cette profession est parfois caricaturée par un expert austère qui vous reçoit dans son cabinet poussiéreux mais, jusqu’à présent, notre côté frais, léger et peu conventionnel nous permit d’être bien accueillies.

Contrairement à une fausse idée répandue, la médiation est généralement moins onéreuse qu’une procédure. Afin de la démocratiser davantage, nous appliquons des tarifs dégressifs en fonction des salaires. Une assistance judiciaire est également proposée aux personnes disposant de revenus modestes.

Lorsqu’un couple « fissuré » nous contacte, nous suivons un processus bien défini afin d’arriver à une solution négociée dans un climat apaisé. De cette manière, la médiation permet aussi d’économiser de l’énergie.

Par appât du gain, certains avocats ont intérêt à prolonger l’instance… Dans un conflit familial, avoir recours à la médiation et lancer une procédure juridique en même temps est interdit.

Au-delà du volet émotionnel, les justiciables doivent faire face aux délais insoutenables qu’impose la justice. Par ailleurs, si le conflit conjugal est cristallisé autour des enfants, les juges ne sont pas toujours capables de réinvestir les parents de leur responsabilité. Un juge s’attarde sur le litige puis regarde dans son code ce qui s’applique à ce cas alors que le médiateur s’attarde sur le conflit et cherche à le comprendre au-delà du litige. Depuis juin 2018, en plus de l’obligation de parler des modes alternatifs de résolution des conflits (MARC), un juge peut imposer une médiation s’il sent qu’une des deux parties y est favorable.

La prévention et gestion des conflits :

Prévenir c’est agir à la base du problème. Notre ambition est d’aller dans les écoles afin de proposer des ateliers de prévention et de gestion des conflits en appliquant la méthode de la communication non violente (CNV).

La « médiation par les pairs » s’effectue entre élèves de même statut et constitue une action de support mise au service de problématiques telles que la lutte contre la violence et le harcèlement, les risques de décrochage ainsi que l’éducation à la citoyenneté. Les jeunes jouent le jeu et se livrent assez rapidement s’ils se trouvent dans un cadre sans jugement et sont face à des personnes bienveillantes.

À quelles difficultés devez-vous faire face ?

Il impératif de rester neutre et de ne pas « tomber dans une empathie exclusive » envers l’une ou l’autre partie. Il faut aussi se retenir de leur donner des avis juridiques, mais dans les faits ce n’est pas toujours facile.
Finalement, peu de médiateurs arrivent à vivre de leur métier. C’est souvent une seconde profession. L’idéal serait de pouvoir se consacrer à 100% à « Trêve »…

Trêve ASBL : www.treve.be

Pour plus d’informations :
Commission fédérale de médiation : https://www.cfm-fbc.be/fr

Article de Pierre-Alexandre de Lannoy

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