Bebelle de Borchgrave, pourriez-vous nous parler de votre parcours personnel, familial et professionnel ?

Le dessin est quelque chose auquel je me suis adonné depuis l’enfance en fait. Petite, je dessinais sur les murs de ma chambre, une fois que c’était plein on repeignait par dessus et j’avais de nouveau une toile blanche. Quand j’ai grandi, il y avait souvent d’énormes bals et des fêtes organisées et je me souviens avoir fait mes propres robes quand j’avais 17 ou 18 ans. Ces fêtes étaient tout simplement merveilleuses. Les femmes portaient des robes, des bijoux de fantaisie et j’ai commencé à peindre sur des tissus, ce qui était assez inhabituel à l’époque. Quand j’ai commencé, je faisais les robes moi-même et j’ai vite réalisé que je n’étais pas particulièrement douée en couture, alors j’ai embauché une couturière qui a développé tous les vêtements avec moi. Très vite, les gens ont commencé à acheter mes robes et j’ai fini par ouvrir une petite boutique où les clientes pouvaient venir les commander.

• Qu’est-ce qui vous a amené à l’idée de ces vêtements de papier ? Et comment votre projet initial a-t-il évolué ? 

J’étais passionnée par la mode et j’adorais ça, mais les clientes commençaient à m’agacer. Elles étaient si difficiles et exigeants que, d’une certaine manière, cela m’a rebuté. J’ai voyagé aux États-Unis et j’ai commencé à y vendre mes tissus. Quand j’étais à New York, j’allais toujours dans les musées et je me souviens d’avoir eu un choc complet en voyant cette magnifique exposition sur la mode et le mobilier au 18ème siècle au Metropolitan Museum of Art. Pour être honnête, j’en ai été submergé et j’ai commencé à être obsédé par les tissus anciens. Par l’intermédiaire d’un ami commun, j’ai rencontré ce collectionneur qui possédait tous ces vêtements et accessoires de cette époque. Je ne me souviens même plus du nombre de jours que j’y ai passés. J’étais accro ! J’ai continué à réfléchir à la façon dont je pourrais les recréer et j’ai commencé à les faire sur papier. C’était pour moi la joie de recréer l’histoire et cette idée de trompe-l’œil permanent que j’adore. Au début, je ne travaillais qu’avec un seul type de papier, et il devenait de la soie, du coton ou n’importe quel tissu que je voulais. J’ai compris à l’époque que les possibilités étaient infinies avec le papier. J’ai commencé par une robe, puis une autre, et une autre. J’en suis maintenant à près de 400 robes en papier qui retracent l’histoire de la Mode depuis Elisabeth 1er jusqu’à Frida Kahlo.

• Quel est votre plus belle réalisation à ce jour, et celle dont vous êtes la plus fière ?

Je crois que je suis fière chaque fois que je réalise une robe ! ☺ Mais je viens de réaliser toute une exposition sur Frida Kahlo qui a mis près de trois ans à monter et qui est maintenant exposée aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles.

• Que changeriez-vous dans votre parcours si vous le pouviez ? 

Rien !

• Quelles sont vos ambitions et vos projets ? 

De continuer à faire ce que je fais et de pouvoir partir en voyage pour m’inspirer

• Votre appartenance à la noblesse a-t-elle été un atout, une charge ou un non-sujet ? 

A notre époque je trouve cela un peu un non-sujet, mais je suis fière d’y appartenir

• Quel message souhaitez-vous donner à nos membres, surtout les plus jeunes ? 

De travailler avec passion, car la vie est trop courte ! Il faut se donner à fond dans ce que l’on fait, ou alors on fait autre chose ; mais je trouve cela trop triste de faire son métier à moitié ou de le faire parce que l’on cherche un certain confort. Un jour on se réveille, la vie est passée et on se retrouve à regretter de n’avoir pas fait ce que l’on rêvait secrètement de faire !

Nous remercions Catherine de Dorlodot pour la réalisation de l’interview et la rédaction de cet article.