Qu’est-ce qui a motivé votre choix de devenir médecin et plus particulièrement gynécologue obstétricien ? Est-ce une décision réfléchie ou une passion qui vous a guidé ?

Les prémices de mon intérêt pour la gynécologie sont apparues lors d’un stage en 2ème année de médecine au cours duquel j’ai eu l’occasion d’être présent à un accouchement. Le gynécologue, témoin des premiers cris de l’enfant, de la complicité des parents et de l’accueil d’un nouveau venu se retrouve au cœur de l’intimité d’une famille. Quelques questions sont néanmoins venues balancer ce moment d’émotion :

• Ce métier sera-t-il conciliable avec une vie de famille ?
• Comment réagir lorsque l’accueil de l’enfant est rendu plus difficile ?
• Quelle position adopter dans les nombreux débats éthiques qui secouent notre société ?

Après un stage en Belgique et un autre au Congo, je me suis dit qu’il fallait me lancer. Depuis le début de mon assistanat en 2017, il ne se passe pas un jour où mon travail ne fasse pas sens à mes yeux.

Pensez- vous que vos études et votre métier de médecin ont influencé votre personnalité d’une manière particulière ?

Certainement !
En prenant soin des autres, vous êtes confronté à leur culture, leur classe sociale et leur caractère. Au fur et à mesure des rencontres, j’ai pu ouvrir mon esprit à tous ces facteurs pour mieux appréhender la relation thérapeutique.

Lorsque vous soignez quelqu’un, vous bénéficiez de sa confiance. Il est de votre responsabilité de la mériter. Cela passe par de nombreuses voies : être présent à son chevet et à son écoute en cas de question, se donner les moyens de soigner toujours mieux (rechercher les meilleurs traitements, se former aux dernières techniques) et avoir l’humilité de reconnaître ses complications et ses éventuelles erreurs.

Pour comprendre la souffrance de l’autre, il faut pouvoir se projeter sur ce qu’il vit : par exemple se rendre compte d’une position inconfortable, d’un cadre anxiogène en salle d’opération. Pour éviter de banaliser la souffrance, il faut sans cesse se remettre en question afin de ne pas faire rentrer son travail dans une routine.

Chaque jour, c’est en équipe que nous nous mettons au service des gens. Dans certaines situations (intervention chirurgicale, accouchement difficile), mon rôle est de pouvoir fédérer cette équipe et la manager pour que l’issue soit favorable.

Enfin, je dirais que pour arriver à tout cela, il faut travailler sa volonté et faire preuve de sacrifice tout en étant conscient de ses limites et en dégageant du temps pour soi.

Et enfin, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui sont intéressés par une carrière dans le domaine des soins de santé, compte tenu de votre expérience en tant que médecin ?

Jérôme Lejeune* a dit : « La médecine c’est la haine de la maladie et l’amour du malade ». Pour se lancer dans les soins de santé, il faut à mon sens de la curiosité pour comprendre la maladie, de l’ardeur pour la combattre et de la patience pour en atténuer les effets. En déployant toute son énergie contre la maladie, le soignant ne doit pas oublier qu’il s’occupe d’une personne. Aimer le malade, c’est comme aimer son prochain. Certains sont aimables et d’autres le sont moins. Pour prendre soin des autres, il faut mettre sa compassion et son humilité au service du malade mais aussi parvenir à trouver la juste distance par rapport au patient.

• médecin français qui a fondé l’association « Agir Avec » pour la recherche sur la trisomie 21.