Marie-Laure Jonet nous partage 2 de ses fils rouges : le handicap et la transmission

  • Peux-tu nous raconter ton parcours ?

J’ai aujourd’hui 48 ans. Je suis mariée et l’heureuse maman de trois filles, de 18, 16 et 14 ans.
Littéraire, j’ai étudié la Philologie romane, complétée par un Bac en Philosophie, l’Agrégation et un troisième cycle en Edition et Sciences du Livre. Deux ans à l’étranger puis, de retour à Bruxelles, je travaille 15 ans à la Commission européenne, y exerçant les métiers de la communication pour les politiques et programmes de financement au service de l’Education, la Culture et la Citoyenneté. Mon premier fil rouge est la transmission.

En marge de ce parcours, le handicap entre dans ma vie par deux portes. A 17 ans, un projet humanitaire avec les mouvements de jeunesse m’initie au service d’enfants lourdement autistes. Une révélation et un second fil rouge ! Les 23 années qui ont suivi, le service bénévole aux personnes en situation de handicap envahit joyeusement mes week-ends et mes vacances et construit mon expertise.
La seconde porte d’entrée du handicap, plus éprouvante, a été forcée par mon père, Jacques Jonet, qui a traversé une succession d’infections, amputations, maladies et greffes cardiaques qui ont fini par l’emporter à l’âge de 67 ans, après plus de 20 ans de souffrance. Statistiquement, papa n’est en rien une exception : une famille sur quatre est concernée par le handicap et 80% des handicaps surviennent en cours de vie. Mais pour nous, papa a été exceptionnel par son combat dans une constante dignité, tout en tenant le cap de ses engagements professionnels : un exemple pour l’adolescente et la jeune adulte que j’étais. Des années plus tard, lors de ma troisième grossesse, nous recevons le pronostic d’un haut risque de handicap chez notre enfant. Voilà donc une nouvelle épreuve familiale à surmonter : quel choix poser, pour soi, pour son couple et la fratrie existante ? Notre troisième fille est née en pleine santé. Nous remercions la vie de nous avoir amenés à nous poser humblement ces questions, à toucher de près le vertige des parents touchés par le handicap chez un enfant.

A 39 ans, je démissionne de la Commission européenne pour fonder DiversiCom, l’entreprise sociale que je dirige depuis 9 ans. Au fil de cette aventure, d’autres mandats sont venus s’ajouter. Mon entrée récente au CA de l’UCLouvain me rapproche de mes premières amours pour l’Education et la Jeunesse. Et diverses responsabilités au sein de fondations me permettent de mettre à profit l’expertise acquise en sélection, financement et montage de projets, dans différents secteurs.

  • Comment as-tu débuté DiversiCom ?

Tout est parti d’un rêve, nourri par ce parcours. Le rêve que chaque talent en situation de handicap trouve sa juste place dans notre société. Et d’une intuition : en Belgique, les freins sont trop nombreux et les entreprises pas assez sensibilisées, mais une belle marge de manoeuvre existe pour renforcer notre capacité inclusive.

L’asbl a pour mission de faciliter l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap, sur base de leurs compétences et de leurs aspirations. Nous menons quatre activités : le jobcoaching des chercheurs d’emploi handicapés, le conseil aux entreprises, le « matching » entre nos candidats et nos employeurs partenaires. Et enfin, nous veillons à partager leurs bonnes pratiques et les facteurs de succès d’une inclusion bien gérée.

Aujourd’hui, l’équipe compte neuf collaborateurs exceptionnellement investis, 450 chercheurs d’emploi accompagnés, 250 entreprises partenaires et près de 1.000 contrats de travail facilités. Nos bénéficiaires atteignent un taux d’emploi moyen de 60%. A l’échelle belge, pour ce public, il est de 35%. Chacun des contrats facilités est vécu comme une grande victoire, génératrice d’une satisfaction personnelle et collective qui n’a pas de prix.

  • Quels sont tes projets ?

A court terme, nous développerons de nouvelles initiatives pour diversifier nos services auprès de nos bénéficiaires et partenaires. Parallèlement, nous partagerons avec les nouveaux gouvernements les constats et recommandations du terrain pour, avec eux, continuer à faire bouger les lignes.
A moyen terme, nous nous réjouissons de célébrer les 10 ans de DiversiCom en 2025. Une mise à jour de notre étude d’impact est au programme à cette occasion. Et nous espérons que les pouvoirs publics wallons renouvelés accueilleront favorablement l’ouverture d’une antenne régionale.
A plus long terme, je souhaite m’assurer que DiversiCom continuera à fonctionner et grandir, quoi qu’il advienne de sa fondatrice ces prochaines années.

  • Le fait que tu sois noble a-t-il été un atout, une charge ou un non-sujet ?

C’est la première fois qu’on me confronte à cette question… Dans mes différents environnements professionnels, mon nom de famille « passe-partout » m’en a probablement tenue éloignée. Par conséquent, ma réponse spontanée serait : « non-sujet ».

Mais ce serait négliger mon héritage familial. Celui-ci s’inscrit dans une noblesse ancienne du côté de ma mère, Martine de Bassompierre, et l’anoblissement à titre personnel de mon père par le Roi Albert II, peu de temps avant son décès prématuré. Ensemble, mes parents ont incarné le sens du devoir et du service, la loyauté et la persévérance. Et dans notre histoire familiale, les engagements entrepreneurial, social, diplomatique et politique co-existent depuis des générations. Ceci n’est en rien l’apanage d’une noblesse de sang. Mais certainement le fruit d’une noblesse de cœur, à laquelle je m’apparente très volontiers. Ce avec la totale adhésion et complicité de mon cher mari, pilier de notre équilibre familial. Ma seconde réponse serait alors : « pas de noblesse de sang, sans le coeur ».

Un atout ? Oui, avec gratitude chaque fois que le « réseau » se manifeste pour soutenir notre mission. Une charge ? En aucun cas.

  • Quel message souhaites-tu adresser à nos membres, surtout les plus jeunes ?

Je ne me sens pas très légitime pour donner des leçons tous azimuts.
Mais aux plus jeunes en quête d’inspiration ou d’espérance, j’aurais envie de dire :

Saisissez toutes les occasions d’apprendre et de sortir de votre cadre naturel : voyages et séjours à l’étranger, expériences sociales, rencontres insolites,… Elles vous aideront à mieux comprendre vos racines et à façonner la personne que vous aurez envie de devenir.

Suivez vos intuitions, écoutez votre voix intérieure si elle insiste pour se faire entendre. Si vous avez une passion et des intérêts marqués, ne les condamnez pas au silence. Faites-leur une place. Vous en tirerez joie, vitalité et profit.

Faites de votre mieux mais ne visez pas la perfection individuelle, qui semble vouloir s’imposer. L’imperfection fait partie de la vie. Votre vraie force sera d’aimer compter sur les autres autant que sur vous-même, et d’apprendre à vous relever quand vous tomberez.

Et à ceux qui décideraient d’entreprendre, je vous partage volontiers mes 10 commandements personnels, maturés au fil de ces dix dernières années. Personnellement, certains restent encore « à acquérir » 😉…

Découvrez ce moment unique capturé lors du Forum des Entrepreneurs à l’ANRB !

Au cœur de cette conférence « Entrepreneuriat social » où les esprits créatifs et les visionnaires se rencontrent, Marie-Laure Jonet, fondatrice de DiversiCom asbl, s’exprimait aux côtés de personnalités inspirantes telles que la baronne Ingrid De Jonghe, fondatrice de Tejo vzw, et la baronne Carla Molenberghs, fondatrice de Huis Perrekes vzw.

Regardez la vidéo ici (https://www.youtube.com/watch?v=goucbl94ctE ) pour revivre cette rencontre enrichissante où les idées et les initiatives se sont entrelacées pour façonner un avenir plus inclusif et dynamique.

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