À la Rencontre de Ferdinand del Marmol : L’Art de Préserver les Toitures d’Exception, une Conversation sur la Passion pour le Patrimoine Ancien et l’Expertise en Couverture
Bonjour à tous, aujourd’hui j’ai le plaisir de m’entretenir avec Ferdinand del Marmol, ce jeune entrepreneur très dynamique au parcours fort intéressant ….
Depuis son plus jeune âge, le mot ‘vertige’ ne fait pas partie de son vocabulaire. Sa mère se plaît à se rappeler ses moments de frayeur où l’on retrouvait Ferdinand haut comme trois pommes, soit à la cîme d’un bouleau du jardin familial, soit carrément sur les toîts. En grandissant, il est de plus en plus attiré par les ‘vieilles pierres’ et les modes de construction traditionnels.
Jeune adulte, c ’est tout naturellement qu’il se dirige vers des études d’architecture, se spécialisant dans la restauration du patrimoine, études qu’il couronne par un mémoire très qualitatif intitulé " Les toitures en ardoises et leur restauration."
Son diplôme en poche, Ferdinand quitte la Belgique pour rejoindre les Compagnons du Tour de France où il se spécialise dans le travail de l’ardoise et du zinc.
En 2019, il obtient le diplôme de Gestionnaire de chantier Patrimoine, formation qu’il a suivie à la Paix Dieu. Aujourd’hui, sa société Art et Ardoises fait parler d’elle dans les cocktails mondains. Les amoureux de belles toitures traditionnelles sont ravis et bien au sec.
Philippe de Potesta : Bonjour Ferdinand et merci d’avoir accepté cette interview destinée à la Newsletter !
Ce qui est frappant lorsque l’on prend connaissance de votre parcours, c’est de voir que, dès votre enfance, vous étiez passionné par ce qui finalement est devenu votre métier. Comment cette passion a-t-elle évolué durant votre jeunesse ?
Ferdinand del Marmol : En effet, j’ai toujours été intéressé par les vieux bâtiments et antiquités. Visiter les vieux châteaux et les musées m’a toujours fasciné.
Tout a commencé lors d’une promenade en vélo dans le Condroz…. J’ai rencontré Joseph, un vieux couvreur barbu portant une croix autour du cou. Il restaurait la couverture d’une chapelle castrale par laquelle j’ai été attiré. Cette rencontre fut le départ d’une longue amitié avec celui qui devint mon ‘maître de stage’ et me fit découvrir les bases du métier.
Aujourd’hui, grâce à mon métier de couvreur spécialisé en bâtiments d’exception, j’ai la chance d’être appelé dans de très beaux endroits, et grâce à mes études d’architecte, de pouvoir conseiller mes clients.
PP : Lorsque l’on pense aux études d’architecture en tant que néophyte, on a tendance à y voir les côtés concrets dans la vie de tous les jours. C’est-à-dire les rénovations ou les constructions modernes. Comment étiez-vous perçu par vos professeurs et vos condisciples puisque vous étiez plus attiré par l’ancien et le patrimoine ?
FM : Excellente question car en effet la conception de bâtiments contemporains n’était pas mon fort et ne m’intéressait pas à l’époque. Ce ne fut d’ailleurs pas facile de terminer mes études alors que mon rêve était de continuer sur une autre voie. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir des parents qui m’ont soutenu et laissé faire mes propres choix.
PP : Les Compagnons du Tour de France sont très connus pour leur expertise et expérience. Pouvez-vous nous en parler ? Qu’en retirez-vous au quotidien dans vos chantiers ?
FM : Chez les Compagnons j’ai bien entendu appris des tonnes de techniques anciennes ou modernes concernant le métier. Je travaillais sur des chantiers d’exception avec un compagnon comme chef d’équipe. De plus, tous les soirs et les samedis, des ‘anciens’ nous donnaient cours tout en partageant leur expérience. La formation était très intense et qualitative.
Cependant, j’ai avant tout retenu des valeurs que j’essaie de transmettre dans ma société, comme le respect, la qualité, la communication et la sécurité.
PP : Vous avez créé votre propre entreprise Art et Ardoises . Vous engagez régulièrement du personnel. Comment arrivez-vous à gérer tout l’administratif et la remise de devis ? Et surtout, en ayant du personnel, quel est l’impact que cette administration peut avoir dans votre gestion du temps ?
FM : J’ai de la chance d’avoir une épouse formidable qui m’a assez vite rejoint dans l’aventure et qui gère tout l’administratif de la société. De plus, nous avons maintenant deux gestionnaires de chantier qui m’aident dans la gestion des chantiers et des devis. Notre principale préoccupation est que le personnel soit heureux dans l’entreprise. Des hommes heureux sont des hommes qui travaillent avec leurs tripes et œuvrent pour un travail de qualité. Nous préférons d’ailleurs une petite équipe de passionnés qu’une grande équipe moins motivée.
Malgré la pénurie de main d’œuvre actuelle, nous arrivons à attirer des couvreurs passionnés qui veulent travailler sur de beaux bâtiments et que nous formons en interne. Notre devise est ‘d’abord prendre le temps de faire les choses bien, puis apprendre à les faire vite’.
PP : Et enfin, dernière question d’actualité . La guerre en Ukraine influence -t-elle vos délais et les prix des matériaux que vous utilisez ?
FM : La crise sanitaire ainsi que la guerre en Ukraine ont fort changé nos habitudes. Les prix et surtout le délai d’obtention des matériaux ont fortement augmenté. Nous avons donc fait le choix depuis deux ans de constituer un stock important de matériaux, ce qui nous permet de stabiliser les prix mais également de les avoir à temps.
PP : Il ne me reste plus, Ferdinand, qu’à vous remercier chaleureusement d’avoir accepté cette interview qui nous éclaire sur votre métier hors du commun et très prisé par les propriétaires d’un patrimoine ancien.
Nous remercions monsieur Philippe de Potesta pour la rédaction de cet article.